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Divira Sakadi (c'est son nom), issue de Mayo-Kebbi, est l’heureuse Miss-Tchad 2014 depuis le 28 décembre 2013. Elle a été choisie
par le Jury parmi 15 candidates représentant 15 régions du pays. L’élection, diffusée en direct sur la télévision nationale, a été suivie par plusieurs centaines de milliers de Tchadiens, y
compris ceux de l’Etranger qui étaient scotchés toute la nuit devant leur petit écran d’ordinateur pour suivre la cérémonie sur internet.
Seulement voilà, selon de nombreux internautes, la nouvelle plus belle femme du Tchad ne répondrait pas au canon de beauté classique du pays des Sao. Depuis hier soir, donc, commentaires, railleries et moqueries les plus acerbes sur son physique pleuvent sur Facebook.
Sur la page de Mahamat K. Abdelkerim (qui a posté une photo de la candidate en tenue traditionnelle et portant des calebasses), c’est un certain Soulaymane N. qui lance les hostilités : « di ma masssasa a ouzou billah » (Ndlr : c’est une sorcière – que Dieu me protège) s’agace-t-il. Mahamat K. Abdelekerim, lui, considère qu’« elle ne remplit pas les critères » sans toutefois préciser lesquels.
On rappelle que les seuls critères mentionnés par l’huissier de Justice hier à la télé sont : « avoir 18 ans minimum et 20 ans maximum ; avoir un 1,70 mini et 1,80 maxi ; un tour de poitrine de 90 b, n’avoir pas la peau dépigmentée et savoir s’exprimer dans l’une des deux langues nationales ». Dans ces conditions, on ne peut pas affirmer que Divira Sakadi ne remplit pas les critères pour être élue Miss Tchad. La décision du Jury est souveraine.
Mais certains internautes ne l’entendent pas de cette oreille et couvrent d’insultes la nouvelle reine de beauté.
Pour Brahim K. K « elle ressemble à un singe qui fait la grimace ». Moussa A. Mahamat renchérit : « da radjil walla chounou » (Ndlr : on dirait un homme). Visiblement déçu de ne pas voir sur le podium une de ses favorites, Ouboudji, lui, se résigne : « Banate samhate koula labodo da noussow kikef » (Ndlr : toutes les belles filles se sont cachées. On n'y peut rien ».
Procédant par comparaison, King A. a, quant à lui, posté l’image de Flora Coquerelle, Miss France 2014, tout en s’exclamant : « di ya miss » (NDLR : celle-là, c’est une miss !) Mais Abdelrazak lui fait remarquer immédiatement qu’il s’agit là de « miss hana nassara dol » (NDLR : c’est une miss des Français ». Même remarque de la part de Moussa H. Hassan : « elle n’est pas Tchadienne ».
Sur la page "intellectuels tchadiens", (Mahamat y a posté une photo de la Miss élue), les critiques continuent à fuser sans pitié. C’est l’intéressé lui-même qui déclare avant tout le monde que : « Si j etai parmis les membre du jury tu n'aurais mm pas l acces d entre a la Porte.cmt a tu meriter ce trophee!!! ». Il est rejoint par Tireterbou qui fait mine de tomber des nues : « comment la laide si, peut mérité la couronne de notre pays » ? I. Toussaint répond simplement que si Divira Sakadi ne parvient pas à être acceptée comme Miss Tchad, elle sera « peut être miss Airtel » (du nom de la société de téléphonie qui a parrainé la cérémonie).
Même ceux qui ne sont pas virulents dans leurs propos se bornent à prendre acte de l’élection de cette Miss, considérant que ce n’est certainement pas le critère physique qui a déterminé le choix du jury, mais surtout les acquis comme la connaissance de la langue, de la danse traditionnelle, la démarche, etc.
Miss Tchad, un nouvel instrument de propagande politique ?
Mais au-delà des critères physiques et vestimentaires qui sont purement subjectifs, l’appartenance à la région Mayo-Kebbi a peut-être lourdement pesé sur la balance lors du vote des membres du jury. Rappelons en effet que la fête du 1erdécembre a été célébrée cette année à Bongor. Mieux, le Premier ministre Kalzeubet Payimi, le ministre de la Culture Menwa Dayang (président du comité d’organisation) ainsi que le ministre de la Justice, Jean-Bernard Padaré, sont tous issus de Mayo-Kebbi. Alors, pourquoi pas une Miss pour célébrer la nouvelle alliance "Déby-Mayo-Keby pour le meilleur " ?
En définitive, l'on se pose la question de savoir si l’élection de Miss Tchad n’est-elle pas en passe de devenir un nouvel instrument de propagande politique au service du régime d’Idriss Déby ? Observons que depuis les deux précédentes élections, la cérémonie est honorée de la présence des plus hautes autorités de l’Etat, y compris le premier ministre (E. Nadingar en décembre 2012). Une « exception culturelle » qu’aucune démocratie ne nous envie. Mais on s'en moque éperdument de la démocratie. Notre système politique à nous est désormais La Renaissance dont la définion à retenir une fois pour toute est: "Gouvernement de Déby, par Déby et pour Déby". Tout doit doit concourir au rayonnement de ce nouveau système politique. Miss Tchad aussi. Amen !
© Tchadoscopie