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Procès Hissène Habré: le Tchad souhaite se constituer partie civile

Pour le procès de Hissène Habré, poursuivi pour acte de torture, crime de guerre et crime contre l’humanité, 1 894 victimes se sont constituées parties civiles. L’Etat tchadien pourrait s’ajouter à cette liste. Un geste pour montrer que le pays soutient la marche de ce procès.

C’est le ministre tchadien de la Justice en personne qui s’est déplacé à Dakar pour déposer au greffe des Chambres africaines un dossier, afin de se constituer partie civile. Le Tchad, qui contribue à hauteur de deux milliards de francs CFA au financement du procès, se présente comme une victime de Hissène Habré et veut à ce titre, « réparer un préjudice économique », selon les mots de Béchir Madet, le ministre tchadien de la Justice.

« La République du Tchad est la victime parfaite des agissements de Hissène Habré. Il y a la notion de pillage parce que, comme vous le savez, ici au Sénégal vous êtes mieux placé que quiconque pour savoir que Habré, même dans sa fuite, il a fui, mais il n’a pas oublié d’emporter et de vider les caisses de l’Etat. En entrant dans la procédure, nous, République du Tchad, nous voulons aider les Chambres africaines à faire un procès », a longuement expliqué Béchir Madet.

La coopération judiciaire entre Dakar et Ndjamena a déjà permis d’inculper cinq personnes au Tchad, dont deux anciens responsables de la DDS, l’ancienne police politique de Habré. Quid alors de la probabilité de faire participer l’actuel président à titre de témoin, au procès ? « Nous ne parlons pas encore de la comparution du président, parce qu’elle n’apporte aucun élément nouveau », ajoute le ministre.

En revanche, le garde des Sceaux a renouvelé sa disponibilité à faciliter le travail de terrain du juge d’instruction des Chambres africaines, notamment dans le cadre de la troisième commission rogatoire prévue en mars.

 

DES VICTIMES CIRCONSPECTES

Le collectif des avocats des victimes du régime d'Hissène Habré estime que la démarche de l'Etat tchadien « n'a pas de base juridique » et son entrée dans la procédure « devrait être déclarée irrecevable », comme l’explique l’avocate Jacqueline Moudeina : « Je ne comprends pas très bien l’attitude de l’Etat tchadien qui pourrait valablement s’adonner à une autre action que de se constituer partie civile dans cette procédure. Je ne sais pas si cette plainte sera déclarée recevable parce qu’il n’est mentionné nulle part qu’un Etat pourrait se constituer partie civile dans cette procédure. Sa bonne volonté pourrait se manifester dans l’aide effective des différentes associations de victimes qui cherchent à accéder à cette justice.

« Sous le règne de Hissène Habré, poursuit Jacqueline Moudeina, les exactions ont été perpétrées aux quatre coins du Tchad. Le Tchad est très grand et aujourd’hui, s’il faut faire une bonne collecte d’informations, il va falloir que ces organisations, que leurs avocats se déplacent à travers toutes les régions du Tchad à la recherche des témoignages poignants qui pourraient alimenter le défi. Et ça, l’Etat tchadien pourrait aider ces victimes à le faire. Et l’action de récupération de la fortune est un gros morceau, cela servirait à indemniser ces milliers de victimes. Je ne sais pas pourquoi le Tchad n’en parle pas du tout ».

 

RFI

Me Jacqueline Moudeina : "le Tchad doit être déclaré irrecevable"
Tag(s) : #Habré
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