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Qu'ils soient pro-rebelles ou pro-Deby, ils ne veulent plus de la guerre


Les rebelles tchadiens ont relancé une offensive le 11 juin, dans l'est du pays. D'après le président Déby, l'attaque aurait été repoussée, mais les rebelles semblent bien loin de déposer les armes. Des Tchadiens commentent pour Les Observateurs cette reprise du conflit.

Le conflit tchadien est d'une extrême complexité. Les mouvements rebelles ne sont pas homogènes et leurs offensives ressemblent plus à des razzias - ils attaquent une ville puis la quittent immédiatement après en avoir pris le contrôle - qu'à une guerre traditionnelle. Les alliances se font et se défont et certains groupes se rallient même, au gré des opportunités, aux forces gouvernementales. L'implication du Soudan dans ce conflit, et son soutien présumé aux mouvements rebelles, ajoute encore à l'opacité de la situation sur place.

Ces témoignages ont été recueillis par notre Observateur au Cameroun, Mohamadou Houmfa. Vous pouvez poser des questions à nos contacts en cliquant sur leur photo.
 

"Face à quelqu’un qui refuse le dialogue, les rebelles considèrent qu’il n’y a que la solution militaire"

Moussaye Avenir est un étudiant tchadien à Yaoundé.


Je suis inquiet pour ma famille. J'ai parlé avec mon père qui est au Tchad. Il pense que les rebelles ne pourront pas prendre le pouvoir, mais qu'ils peuvent arriver à N'Djamena. Or des combats dans la capitale seraient dangereux pour la population. Si cela arrive, la plupart des membres de ma famille quitteraient N'Djamena pour venir au Cameroun.


Le président Déby est resté réfractaire au dialogue. Pourtant, la classe politique tchadienne, la société civile et la communauté internationale lui demandent tous de dialoguer avec les groupes rebelles. Il ne l'a pas fait parce que cela risque d'aboutir au partage du pouvoir, chose qu'Idriss Déby a toujours refusée.

Face à quelqu'un qui refuse le dialogue, les rebelles considèrent qu'il n'y a que la solution militaire. Ils sont dotés d'armements puissants, de troupes aguerries et ils occupent une zone stratégique du pays. Toutes les rébellions qui se sont emparées du pouvoir au Tchad sont venues de l'est. C'est une zone de repli facile où l'approvisionnement en armes est facile. Déby est en ce moment dos au mur."


"Les rebelles ne feraient pas mieux qu'Idriss Déby"

 TALHA Djibrine, est un journaliste tchadien basé au Cameroun.


Lorsque j'appelle mes parents au Tchad pour demander comment ça se passe, ils me disent ne pas vouloir évoquer le sujet. Ils pensent que leurs téléphones sont mis sur écoute et qu'ils peuvent être piégés par les autorités. Pour ma part, je suis opposé à l'offensive des rebelles.


Je sais comment ça se passe entre les groupes rebelles. Ils ne sont même pas d'accord entre eux. Je pense qu'ils se battent pour leurs intérêts personnels. Ils ne feraient pas mieux qu'Idriss Déby. Je crois qu'il vaut mieux que le président Déby reste au pouvoir.

Nous voulons la paix. Ca fait 35 ans que le Tchad vit dans la guerre. Je pense que nous devons mobiliser les petites ressources dont nous disposons pour nous développer et non les dilapider dans la guerre."

 

"Tout ce que je souhaite, c'est que notre pays vive à nouveau en paix"

 Adoum Yves Daniel est étudiant tchadien vivant au Cameroun depuis deux ans.

C'est dur de voir que l'on ne parle que des aspects négatifs du Tchad dans les médias. Quand on parle de mon pays, les gens pensent immédiatement à la rébellion, à la guerre.
 

Je crois que le peuple tchadien a souffert trop longtemps. Je crois que chercher à prendre le pouvoir par les armes, c'est simplement jalonner à nouveau notre terre de cadavres. Tout ce que je souhaite, c'est que le Tchad vive à nouveau en paix."

 

"Idriss Déby se maintient au pouvoir par la force, la violence et la terreur"

 Beling Dominique Nkoumba est un journaliste camerounais. Il revient d'un reportage au Tchad.

Je ne suis pas surpris par cette nouvelle attaque. Je n'ai pas l'impression que le président tchadien soit un homme qui ait une vision fédératrice de la société tchadienne. Idriss Déby n'est pas vraiment un homme politique. C'est d'abord un chef de guerre qui a de nombreux ennemis. Et les ressources du pays sont très inégalement réparties entre les différentes régions. Pour toutes ces raisons, le Tchad est un terreau fertile pour les rebellions.
 

J'y suis allé récemment et l'image que je garde de ce pays, c'est qu'il est dirigé par un régime militaire. Dans certains quartiers, je voyais flotter non pas le drapeau du Tchad, mais celui du parti au pouvoir.

On n'a pas besoin de passer plus de deux jours au Tchad pour comprendre qu'Idriss Déby se maintient au pouvoir par la force, la violence et la terreur. Il est donc normal que les Tchadiens se rebellent. Ce n'est pas demain que les armes vont se taire dans ce pays."


Source : France 24 

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