La commission d'enquête sur les événements survenus au cours de l'attaque de rebelles tchadiens sur N'Djamena début février a remis mardi son rapport au président Idriss Deby Itno lors d'une cérémonie au palais présidentiel, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ce rapport est un tout, il ne peut être
considéré comme un rapport d'enquête judiciaire ou policière", a déclaré Me Allaissem Djaibé, le
président de la commission et bâtonnier des avocats tchadiens, précisant qu'il n'avait pas le droit d'en révéler le contenu.
Le rapport évoque l'arrivée des rebelles, "la bataille" dans la capitale, ainsi que les "lieux de détention" des personnes arrêtées, a-t-il précisé sans donner d'indication
sur le sort de l'opposant disparu lors de ces événements, Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), la principale
coalition de l'opposition.
"Le rapport traite des responsabilités et finit par des recommandations. Les
conclusions constituent des pistes à exploiter sur le plan juridique, administratif, social et politique", a-t-il ajouté, soulignant que "la commission (avait) travaillé en toute
indépendance".
Le président Deby a estimé qu'il s'agissait d'un "rapport crédible attendu
non seulement par la communauté internationale mais aussi par les Tchadiens dans leur ensemble".
"Ce rapport contribuera à la manifestation de la vérité sur tout ce qui s'est
passé au Tchad", a-t-il poursuivi, promettant que "le
gouvernement veillera à le rendre public".
La création d'une commission sur les événements et la disparition des opposants avait été annoncée après la visite à N'Djamena du président français Nicolas Sarkozy fin
février. Toutefois, les travaux n'avaient commencé que début mai: une première composition de la commission avait été jugée trop inféodée au
pouvoir.
La commission devait notamment faire la lumière sur le cas de l'opposant Ibni Oumar Saleh, disparu lors de l'attaque et dont on est toujours sans nouvelles, alors que sa
famille affirme qu'il a été arrêté par les forces du président Deby. Ce que le pouvoir nie.
Deux autres opposants, Lol Mahamat Choua et Ngarlejy Yorongar, disparus pendant plusieurs jours dans les mêmes conditions, avaient eux retrouvé leur
liberté.
De nombreux observateurs et dirigeants estiment que M. Oumar Saleh est mort, sans vouloir en faire état publiquement par respect pour la
famille.
En février, les rebelles tchadiens, partis de bases arrière au Soudan et dans l'est du pays, avaient traversé le pays sur près de mille kilomètres en moins d'une semaine à
bord de quelque 300 pick-up.
Ils avaient été à deux doigts de renverser le régime mais avaient quitté N'Djamena, en raison notamment d'un manque de munition et de
ravitaillement.
Selon le président Deby, "400 civils sont disparus ou morts" pendant ces combats.