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178893 14153491 460x306Le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun a dénoncé jeudi à Dakar les "faux débats" lancés pour retarder le procès de l'ex-président tchadien Hissène Habré au Sénégal, en demandant du respect pour les "40.000 Tchadiens morts" pendant son régime de seulement huit années.


"Hissène Habré, c'est 40.000 morts en huit ans (1982-1990). Si vous faites le calcul, ça fait 5.000 morts par an... Je serais vraiment content que son procès puisse avoir lieu", a déclaré le cinéaste au cours d'une conférence de presse à l'Institut français de Dakar.

Il s'exprimait au lendemain d'une réunion internationale de bailleurs de fonds qui ont promis 8,5 millions d'euros pour l'organisation du procès d'Hissène Habré au Sénégal.

Habré avait été renversé en 1990 par l'actuel président Idriss Deby Itno et vit depuis à Dakar. En 2006, l'Union africaine avait demandé au Sénégal de le juger "au nom de l'Afrique" pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et torture. Cependant, aucune information judiciaire n'a encore été ouverte.

"Je voudrais que les gens aient du respect ici au Sénégal pour ces 40.000 Tchadiens morts", a insisté le cinéaste, évoquant de "faux débats" et "manoeuvres dilatoires".

On a d'abord dit que "parce que cet homme est noir et africain, il ne peut pas être jugé par des blancs", a-t-il dit en critiquant "cette manière essentialiste de ramener l'Afrique à une espèce d'étrangeté, comme si elle ne faisait pas partie de l'Humanité". "Est-ce que, parce qu'on est noir, tuer un homme n'a pas de valeur universelle?", a-t-il interrogé.

Il a ensuite évoqué un autre débat d'"une bassesse scandaleuse" selon lui: "des gens disent que pour qu'on juge Habré, il faut aussi juger l'actuel président tchadien, parce qu'il a été son chef d'état-major. Mais pour que ses collaborateurs puissent être convoqués, il faut quand même que lui, le responsable, soit jugé", a-t-il affirmé.

"J'ai des oncles qui ont disparu sous Habré", a confié Mahamat-Saleh Haroun. Il a aussi rappelé que la guerre avait "changé le cours" de sa propre vie d'adolescent, en 1979, quand il avait reçu une balle perdue, à N'Djamena et avait été évacué vers le Cameroun, ce qui avait marqué le début de son exil.

Le réalisateur était présent à Dakar pour la projection - pour la première fois en Afrique noire - de son film "Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse", prix spécial du jury du dernier Festival de Cannes.

 

Source:  http://www.commeaucinema.com/afp/mahamat-saleh-haroun-denonce-les-faux-debats-pour-empecher-le-proces-habre,192790

Tag(s) : #Tchad
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