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Le déplacement du Président du Tchad en Suisse

Mesquineries et intrigues autour de la rencontre entre la diaspora et le Chef de l’Etat.

 

Par Talha Mahamat Allim

Genève, Suisse

 

Dans quelques jours, s’ouvre le 13ème Sommet de la Francophonie à Montreux en Suisse auquel est attendu le Président de la République du Tchad Idriss Deby Itno. Déjà, les premières délégations tchadiennes sont arrivées en terre helvétique. C’est une opportunité de rencontre et d’échanges entre les tchadiens de l’étranger et leur président.

 

Constitutionnellement, un Chef de l’Etat, c’est le Président de tous ses concitoyens, même si c’est loin d’être le cas dans la pratique. Quand il voyage dans un pays étranger, il a le devoir de rencontrer ses compatriotes résidant dans le pays hôte. Cependant, en ce qui concerne le Tchad, ce n’est le plus souvent qu’une partie qui est sélectivement choisie par certains ambassadeurs dans cette perspective.

 

Ainsi, deux questions se posent : au nom de quel mandat, un ambassadeur sélectionne-t-il des tchadiens dans l’optique d’une rencontre entre le président et ses concitoyens ? Quels critères applique-il pour choisir entre les tchadiens au sein de cette communauté résidant à l’étranger ?

 

Pour ce qui est de la Suisse, les tchadiens sont regroupés au sein d’une association. En principe, ce sont des délégués choisis par ces tchadiens qui devraient rencontrer le président. Et le bon sens voudrait que ce soit au cours d’une assemblée générale de l’association qu’ils soient choisis, avec un cahier de charges bien défini au nom de toute la communauté représentée par l’association. Ce qui est loin d’être le cas !

 

La démarche mise en œuvre et toutes les manœuvres en cours témoignent d’une volonté de diviser et de mettre en avant des discours convenus. Cette attitude pourrait trouver son explication dans ce que souligne bien notre compatriote Laounodji M.Monza, à savoir certaines carences qui sont souvent comblées par des mesquineries et intrigues – nuisibles aux intérêts du Tchad et des Tchadiens – plutôt que des efforts de perfectionnement ou de mise à niveau. Ce qui n’honore pas notre pays et risque à terme d’être fatal au progrès du Tchad.

  

Il est évident que le Tchad a besoin de la synergie des compétences et l’efficacité collective pour dépasser le système classique et faire émerger un autre modèle de développement intégrant certaines de nos valeurs traditionnelles. Il faut reconnaître qu’un pays comme le nôtre ne pourra garder son identité, résister à la concurrence internationale, créer des emplois et dégager des ressources pour la collectivité nationale que s'il développe des secteurs et des domaines qui lui sont essentiels. Et cela demande l'investissement de chaque tchadien à tous les niveaux et de tous bords.

 

Dans cette logique, le séjour du Président Deby devrait être une opportunité pour la communauté tchadienne en Suisse de faire connaître ses propositions visant à apporter des nouvelles valeurs ajoutées qui permettront au Tchad de mieux avancer dans de domaines très importants pour son avenir.

 

Il ne faudrait pas pour autant penser les contributions des tchadiens de la diaspora comme une nouvelle construction institutionnelle mais comme un ensemble de dispositifs politiques, économiques, sociaux et culturels, capables de faire avancer le pays vers un processus de développement maîtrisé et dans la paix. Les questions d’intérêt national du Tchad sont l’affaire de tous les tchadiens et tchadiennes.

 

Tous les tchadiens ne pourront participer à ce processus que si certaines de nos autorités changent leurs pratiques. Sinon, le pays continuera à scander des priorités sans pouvoir les réaliser. Avec l’affaiblissement des Etats-nations et la montée en force de la société civile dans le champ des relations internationales, les associations représentant les tchadiens de l’étranger ont un grand rôle à jouer dans la recherche de solutions et réponses aux problèmes et questions posés à notre pays.

  

La récente rencontre entre le Chef de l’Etat et la classe politique tchadienne reflète bien un cadre de rencontre, de dialogue et d’échange qui offre la chance de ne laisser personne au bord de la route. Ce même cadre devrait être ouvert au-delà des frontières nationales à l’égard des tchadiens de l’étranger, dont la communauté tchadienne en Suisse.

 

Convaincre de la justesse de son point de vue peut non seulement amener les autres à coopérer sur la base des négociations mais aussi à participer à la mise en œuvre du processus qui mène au consensus. Ce qui serait la meilleure alternative aux méthodes coercitives. La persuasion, le dialogue et l’écoute doivent prendre le pas aussi bien sur la puissance du bâton que sur l’odeur de la carotte et les ruses du co-optage.

 

Talha Mahamat Allim.

 

 

Tag(s) : #Tchad
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