Tchad | Le pays tourne à l'envers

Le gouvernement a raison de se plaindre du volume croissant de la masse salariale. Mais ce n’est ni la faute ni des fonctionnaires ni des syndicats. Le véritable coupable reste le gouvernement lui même qui n’a jamais été capable de formuler un programme cohérent de développement de la fonction publique. Des études ont bien été conduites, et des statistiques établies. Mais aucune action sérieuse de programmation ni de gestion n’a jamais été prise. Au contraire, les résultats de ces études ont été jeté à la poubelle et pour des raisons inavouées aucune des listes de fonctionnaires établies suite aux recensements de fonctionnaires n’a été rendue fonctionnelle. Bien malin celui qui dira combien de fonctionnaires compte le Tchad!

Si le gouvernement a bien raison de s’alarmer de l’augmentation des dépenses de la fonction publique, les travailleurs et leurs syndicats ont eux aussi raison de se plaindre et de se mettre en grève. Le Tchad est un pays cher. Une vie décente coûte excessivement chère. Les salaires actuellement versés aux fonctionnaires permettent à peine de survivre. Leurs revendications sont légitimes et correctes.  Quand les travailleurs disent que l’Etat leur ment sur ses ressources, ils se trompent sans doute. Mais ils ont tout à fait raison de pointer du doigt la très mauvaise gestion des mêmes ressources. En effet, même avec des moyens limités et des politiques de gestion correctes et transparentes, il est possible d’améliorer l’ordinaire des fonctionnaires. Il est surtout possible de créer les conditions nécessaires au développement du secteur privé et à la création d’emploi non publique.  Mais il faut dire que le mot gestion est absent du vocabulaire de nos hommes d’Etat.

Pays choquant

Rompre le dialogue est choquant, même quand il s’agit de ses ennemis. Or les fonctionnaires ne sont pas les ennemis de l’Etat. Au contraire. En réalité la sortie du gouvernement traduit une grande faiblesse. La limite d’esprit dont viennent de faire preuve les membres du gouvernement dans leur ensemble est choquante. Un gouvernement ne rompt pas le dialogue avec ses fonctionnaires. Les solutions à la grève en cours passent par des discussions ouvertes et transparentes. Les solutions doivent être des solutions de long termes. C’est peut être l’occasion pour le gouvernement de faire du nettoyage (faire démissionner les ministres de la fonction publique et celui des finances pour incompétence caractérisée) et de se poser enfin les véritables questions : Pourquoi nous avons une économie moyenâgeuse? 

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