Un militaire tchadien circulant à moto a tiré sur deux soldats français qui sortaient de la base française du dispositif Epervier, à N'Djamena. «Les deux soldats français à bord de leur véhicule sortaient de la base (Hadji Kossei)», indique une source proche de l'ambassade de France au Tchad, précisant que l'individu «a tiré quatre balles en direction des soldats français, blessant l'un d'entre eux à un coude».
«Les deux soldats français (...) s'apprêtaient à emprunter la rue principale» en sortant de la partie tchadienne de la base, précise cette source. Le soldat a été admis à l'antenne médicale française. Il s'en est tiré et va être évacué»
«A un arrêt, un individu a ouvert le feu sur eux avec une arme de poing», a précisé le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard, qui a confirmé qu'un des deux militaires avait été blessé à un bras et que l'autre était indemne. Le blessé a été opéré par un médecin militaire français et «ses jours ne sont pas en danger».
«Il y a eu un renforcement des mesures de vigilance à N'Djamena, puisque la personne (tireur) n'a pas été immédiatement arrêtée. Elle sont maintenues pour l'instant, mais on ne sent pas une menace particulière», a indiqué le porte-parole. Selon les informations dont l'état-major dispose, l'agresseur serait «un ancien militaire» tchadien. «Une enquête est en cours, en contact avec les autorités tchadiennes», a conclu l'état-major.
Dans le cadre de l'opération Epervier déclenchée en 1986, la France dispose au Tchad de 950 hommes, et d'un important dispositif aérien avec des avions de chasse. La base française à N'Djamena communique avec l'aéroport, et celle d'Abéché, dans l'Est, est également située sur l'aéroport.
Le 11 août 2010, date du 50ème anniversaire de l'indépendance, le président tchadien Idriss Deby Itno avait remis en cause Epervier, évoquant «une révision de l'accord de siège entre Epervier et le Tchad». Il reprochait notamment à la France de ne rien payer pour sa présence militaire. La présence de militaires français est mal vécue par une partie de la population qui a l'impression que la France pèse ainsi sur les décisions de leur pays. Les rebelles tchadiens et certains opposants reprochent aussi aux Français d'avoir soutenu le régime d'Idriss Deby au pouvoir depuis 1990. En février 2008, la rébellion avait atteint les portes du palais présidentiel de N'Djamena. La France avait alors donné des renseignements et livré des munitions à l'armée tchadienne.
En janvier 2011, Alain Juppé, alors ministre de la Défense, disait vouloir faire «évoluer» le dispositif. De source militaire française, la base française au Tchad pourrait être utilisée dans le cadre de la surveillance et de la lutte contre les groupes armés, et notamment de groupes islamistes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la bande sahélienne.
LeParisien.fr