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Par Dr Djimé Adoum, tchadnews.info

Le Tchad traverse une période qui ne finira pas de marquer son histoire : guerres interminables, corruption, dilapidation des deniers publics, gabégie, népotisme, manque d’équité sociale, atomisation  du tissu sociopolitique et économique. Pendant que cet état de fait permet à beaucoup de vouloir se pérenniser pour accroitre leur bien mal acquis dans le faux, les tchadiens de manière générale commencent à en avoir marre.  Le contexte socio-politique et économique mondial exige que les états rompent avec ces mauvaises pratiques et assoient des plateformes pour un redémarrage effectif.  Le Tchad ne peut pas rester indifférent.  Qu’est ce qu’il y a lieu de faire ?

Loin de nous l’idée de prescrire une solution idéale pour les problèmes tchadiens.  Nous retenons seulement et remarquons que dans la mesure où les anciennes pratiques de prise du pouvoir par les armes n’ont pas marché, n’est-il pas temps d’abandonner ces pratiques ?  Nous signalons en passant que le régime du Président Deby a fêté ses 20 ans de pouvoir.  Nous relevons aussi que le Président Deby Itno fut accompagné pendant les premières 15 années par un grand nombre de ceux qui sont en ce moment au maquis et qui cherchent aussi à le renverser.   Nul besoin de dire plus parce que ce qui s’est passé pendant les 15 années où tout le monde était associé à la gestion de la chose publique est bien connu de tous.  C’était une véritable « kermesse de désordre ».  Pourquoi la kermesse du désordre a t-elle continué pendant si longtemps ?

Revenons maintenant à l’angle sous lequel nous voulons voir le Tchad et ce qu’il y a lieu de faire pour aider le bled à sortir de l’abime ?  Etablissons d’abord quelques faits : la lutte contre la corruption a commencé.  Quelques barons du régime sont sous les verrous. Bien que ce soit un début et qu’il reste du chemin à parcourir, cette nouvelle dynamique crée une pression très forte.  Elle servira de très bonne leçon si elle arrive à se pérenniser.  Elle donnera un grand espoir au citoyen lambda. Nous savons bien qu’il reste beaucoup à faire.  D’aucuns pointent du doigt les proches du Président Deby Itno et estiment que ceux-là ne sont pas frappés par la nouvelle mesure.  Nous estimons que pour établir l’équilibre, il viendra un moment où ceux qui sont communément appelés « intouchables » seront aussi frappés.

Il n’est, en outre, un secret pour personne que le contexte politique soudano-tchadien a considérablement évolué.  Les gouvernements soudanais et tchadiens qui soutiennent des oppositions politico-militaires hostiles aux deux gouvernements ont fait de gros efforts dans le sens de retirer leurs soutiens respectifs aux rebellions qui les déstabilisent mutuellement.  A cause des fortes pressions exercées par les partenaires, les deux gouvernements ont mené des discussions approfondies depuis le mois d’octobre et viennent de signer un accord le 7 et 8 janvier 2010.  De cet accord, il ressort que les deux gouvernements donnent à leurs rebellions respectives jusqu'à la fin de mars pour arrêter les tentatives de déstabilisation.  En tout état de cause et si nous devons nous en tenir aux déclarations et à la signature des accords, les rebellions soudanaises et tchadiennes auront du mal à survivre dans ce nouveau climat. 

Et même si les accords de paix sont compromis (comme ils ont l’habitude de l’être), il n’est pas opportun que le Tchad reprenne avec les guerres interminables.  Voici en quelques mots ce qui nous emmène à voir les choses sous cet angle.  La lutte contre la corruption a commencé et selon toute vraisemblance, elle se poursuivra pour autant qu’elle assainisse véritablement l’environnement politico-économique.

Commençons par quelques faits : le Président Deby Itno a amorcé la lutte contre la corruption.  Même si ce n’est que le début, et qu’il a fallu longtemps, c’est une étape qui vient d’être franchie.  Elle mérite d’être saluée et encouragée.   Il n’est pas certain que ceux qui viendront par les armes réussiront à instaurer un état de droit, démocratique et équitable une fois le pouvoir pris. En d’autres termes, il faudra à nouveau assister à une autre kermesse du désordre. Déjà, le désordre constaté dans le maquis laisse entrevoir cette éventualité et l’histoire récente du Tchad le prouve à suffisance. Lorsqu’on s’insurge contre un pouvoir pour une cause quelconque, on ne doit pas avoir peur de prendre du recul et de la hauteur pour envisager la négociation pour trouver une porte de sortie honorable. Ce n’est donc pas du tout une mauvaise chose que de revoir les cadres déjà existants pour un arrêt éventuel des hostilités.  Cela éviterait les pertes inutiles tant humaines et matérielles des tchadiens.  Mieux, les tchadiens ne peuvent pas continuer à supporter plus longtemps de vivre sous un climat de guerre permanente.  Ils ont droit, à l’instar des autres peuples, à une vie paisible, à la liberté et à l’épanouissement socio-économique.

En résumé : il est de l’intérêt de l’écrasante majorité de notre peuple que nous en finissons avec les irritations et ménageons nos montures.   Nous encourageons les gouvernements soudanais et tchadien à bien honorer leurs engagements, en mettant un terme à leur soutien aux rebellions de part et d’autres afin de permettre aux paisibles citoyens de trouver la quiétude et la paix, conditions sinon qua none pour remettre les deux pays sur les rails.  L’histoire leur en sera reconnaissante.

Tag(s) : #Tchad
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