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Tchad/pétrole: Banque mondiale et Deby renvoyés dos à dos

LIBREVILLE - Une figure de la société civile tchadienne, a critiqué mercredi le président Idriss Deby qui "utilise l'argent du pétrole pour faire la guerre", mais aussi la Banque mondiale qui "a fui ses responsabilités" en supprimant son aide à l'infrastructure pétrolière.

"Deby se sert de l'argent du pétrole pour faire la guerre: finalement le projet sert à faire la guerre", a regretté l'avocate Delphine Djiraïbé, coordinatrice du Comité de suivi de l'appel à la paix à réconciliation au Tchad.

"Le retrait de la Banque mondiale n'est pas une solution. La Banque mondiale fuit ses responsabilités", estime Me Djiraïbé, jointe par téléphone à N'Djamena depuis Libreville.

"C'est injuste à l'égard de la population tchadienne, et d'autant plus injuste que la société civile avait prévenu la Banque mondiale de ce qui allait se passer. Ce n'est pas faute de l'avoir prévenue. C'est choquant de voir à quel point tout s'est malheureusement passé comme prévu", souligne l'avocate.

"La Banque mondiale s'est impliquée dans le projet, elle doit proposer des solutions. Elle devait faire pression sur le gouvernement" et saisir "la communauté internationale pour faire pression", ajoute-t-elle.

La Banque mondiale a mis fin mardi à son accord d'aide au développement des infrastructures pétrolières du Tchad, celui-ci ne respectant pas, selon, elle ses engagements en matière de réduction de la pauvreté.

Normalement, le Tchad, producteur depuis 2003 de pétrole qui lui a rapporté environ un milliard de dollars en 2007, devait allouer une partie de ses recettes pétrolières à des programmes de réduction de la pauvreté et consacrer 70% de ses dépenses budgétaires à des programmes prioritaires de réduction de la pauvreté.

"Comme toujours, c'est la population qui fait les frais. Le projet devait servir à la réduction de la pauvreté et le panier de la ménagère ne fait que se vider. Le coût de la vie est au-delà des possibilités des Tchadiens", précise Me Djiraïbé.

Pour l'avocate, la rébellion n'est pas exempte non plus: "de part et d'autre, (la guerre) c'est un fonds de commerce. Il faut faire en sorte que les rebelles n'existent plus et cela ne peut se faire qu'en réunissant tout le monde à une table de négociation. En attendant, nous vivons la peur au ventre, et le ventre vide", conclut Me Djiraibe.

Une des pommes de discorde dans cette affaire tient au fait que le gouvernement de N'Djamena, aux prises avec plusieurs rébellions armées, entend consacrer une part de ses revenus pétroliers aux dépenses d'armement.

Le Tchad produit entre 150.000 à 160.000 barils par jour et possède des réserves évaluées à 1,5 milliard de barils de brut.

Ce pétrole, exploité dans le sud du Tchad dans la région de Doba (450 km au sud-est de N'Djamena), est évacué par un oléoduc de plus de 1.000 km sur terminal camerounais de Kribi, sur la côte du Golfe de Guinée.

(©AFP / 10 septembre 2008 13h26)

Tag(s) : #Actualité
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