Tchad | Derrière la façade de roc

L'immaturité politique des ministres "nouvelle génération"

Consternant ! Derrière la façade de roc, une immense immaturité et le désir ardent de se travestir pour ressembler comme deux goûtes d’eau au chef suprême dans le seul but de plaire. Parmi les « jeunes » propulsés à la tête des ministères, il y en a qui sont encore plus bêtes que certains aînés dont on se rend compte finalement qu’ils ont longtemps été accusés à tort d’être ou d’avoir été la cause des retards de développement économique et politique du pays.

En 2011 lorsque Nadingar a formé son gouvernement et y a intégré plusieurs trentenaires, on ne pensait pas que ces « jeunes cadres » allaient se révéler piètres arrivistes doués, sinon pour la contemplation, certainement pour des actions aussi inutiles que subversives.

Sans aucune vision, dépourvus de projet, parfaitement incompétents et surtout sans le moindre courage politique, ils n’ont rien trouvé d’intelligent à proposer à leur mentor que de verser dans l’archaïsme en se mettant volontairement à contre-courant des attentes des Tchadiens pour satisfaire advienne que pourra ce qui, dans leurs esprits embrouillés, serait le souhait inavoué de Déby et de l’épouse de Déby.

Rivalisant d’inepties, ils ne savent que se précipiter, tels des cacas nerveux, à se rependre sur les syndicalistes pour les embastiller (Sabre Fadoul), à menacer les journalistes de durcir les conditions d’exercice de la profession (Sylla Bakary), à refuser de payer les salaires des grévistes (Diguimbaye), à menacer les syndicats de représailles (Bachir Ali), à accorder le baccalauréat à des élèves médiocres (Ahmed Djidda), etc.

Tel n’est manifestement pas le but de la confiance qui leur est accordée par un despote usé par 22 années de pressions sociales et qui, voyant la fin de son règne se rapprocher à grands pas, pensait pouvoir retarder la chute en remplaçant les « Toumaï » de la politique par une génération de « Modernes 2.0 », présumés foncièrement démocrates, très réactifs et assurément créatifs.

Hélas ! Ils sont tout, sauf compétents. Abonnés à la paresse intellectuelle, mais attachés à sauvegarder coûte que coûte les privilèges de leurs strapontins, ils ont carrément oublié le but de leur nomination au gouvernement qui était pourtant d’apporter du sang frais et de nouvelles idées pour répondre aux attentes d’une population de plus en plus jeune et de plus en plus exigeante parce que parfaitement informée de ce qui se passe ailleurs.

N’avez-vous pas remarqué que ces dernières années Idriss Déby paraît de moins en moins conciliant et de plus en plus arrogant et menaçant ?

Sous les conseils immatures de ces personnages incultes mais arrogants, le tyran a décidé d’adopter contre toute attente une attitude encore plus intransigeante et suicidaire à l’égard des partenaires étrangers et des Tchadiens. C’est le cas de son refus d’assister au sommet de la Francophonie en RDC parce que le Président français a souhaité le rencontrer après le sommet. C’est aussi le cas avec les syndicats qui revendiquent l’application d’un protocole d’accord dont les stipulations sont pourtant sans ambiguïté quant aux droits reconnus aux fonctionnaires.

L’annulation du décret n°1249 du 12 novembre 2011 « fixant les modalités de l’échelonnement indiciaire et définissant les modalités de reclassement des corps et des reversements des fonctionnaires de la République du Tchad », décidée comme un défi lancé aux travailleurs grévistes, témoigne de l’immaturité politique de ces nouveaux jeunes ministres, incapables de lui conseiller une parole d’apaisement..

Entre autres dérapages inadmissibles, les remarques abruptes du despote ces deux derniers jours devant les médias français, en particulier celle incroyable selon laquelle il n’aurait jamais signé le moindre décret accordant la grâce présidentielles aux condamnés de l’Arche de Zoé achèvent de convaincre que l’inculture des élites peut mener à un naufrage politique.

Comment ne pas frémir en songeant à ce qui pourra advenir demain de nos maigres droits acquis par la force de la résistance tenace de la presse, des ADH et de la société civile ?

Il est sans doute  légitime de montrer sa loyauté à son mentor, mais il est indigne et excessif d’agir servilement, docilement et bêtement  dans le simple but de lui faire plaisir.

© Tchadoscopie