Par Talha Mahamat Allim
Genève, Suisse
Le mois de Ramadan est incontestablement un Trésor inestimable d’opportunités
individuelles, familiales et communautaires, en se rapprochant davantage dans la recherche de l’agrément divin par le cœur, l’esprit, la pratique et le culte. C’est aussi une période de
toute bénédiction pour le croyant, en ce sens que toutes les opportunités pour se rapprocher d’Allah sont amplifiées et intensifiées. Une invitation à freiner nos passions et maîtriser les envies démesurées de notre égo.
C’est également une grande occasion pour le musulman de renouer avec l’objectif ultime de ce mois béni, c’est-à-dire l’effort,
la persévérance, la patience, l’endurance et le perfectionnement de l’être afin d’atteindre la piété. En d’autres termes, il s’agit pour le croyant de retrouver par la pratique d’exercices
spirituels, un équilibre intérieur et une plus grande présence à soi en mettant en évidence sa piété et sa crainte envers Allah.
Exerçons le Ramadan dans ses 3 dimensions à savoir : 1) le jeûne du corps (abstinence de manger, de boire
et d’avoir de rapport intime), 2) le jeûne des organes (yeux, oreilles, langue mains, pieds…) et 3) le jeûne du cœur c’est-à-dire travailler profondément sa spiritualité. Le
prophète de l’Islam disait : il y a parmi les croyants qui n’ont de leur jeûne qu’abstinence de manger, de boire…évidemment, c’est une façon de dire que cela n’en vaut pas la peine. Le vrai
jeûne, c’est celui des sens, des organes et du cœur. C’est encore plus exigeant, mais bien sûr plus exaltant, plus rassurant et plus stimulant.
De ce fait, le jeûne n’est aucunement une invitation à la paresse mais un appel à plus de travail sur soi. La société
n’étant que le reflet de la qualité des individus qui la composent, l’effort sur soi et la réforme de l’individu offrent certainement la possibilité de renouer avec le bien et d’améliorer le
vivre-ensemble. C’est pourquoi l’effort sur soi (jihâd an-nafs) trouve toute sa place dans la vie quotidienne de chaque croyant. Il s’agit bien
évidemment de l’effort que le musulman doit faire sur lui-même en luttant contre sa propre violence, sa colère, son égoïsme… pour être digne de son humanité et de l’agrément de
Dieu.
L’exemple que le prophète Muhammad a donné quand il questionna ses compagnons concernant le combat à mener contre sa
propre violence est édifiant : « Qui est le plus fort parmi vous ? Un homme lui répondit : « C’est lui qui renverse son ennemi. » Le Prophète le corrigea en
affirmant « Non, l’homme le plus fort parmi vous est celui qui maîtrise sa colère ».
De ce fait, la maîtrise de la colère suppose un travail personnel exigeant et le premier champ de l’expérimentation spirituelle n’est autre que notre propre
cœur. Le Prophète (Qu’Allah l’élève davantage en grade et préserve sa communauté de ce que le messager craint pour elle) disait que : « Dieu ne considère pas vos apparences
mais vos cœurs et vos œuvres. »
La recommandation constante du Prophète de tous les temps sous toutes les conditions est d’œuvrer pour le meilleur, et de faire
preuve du meilleur caractère. Le bon caractère, au sens des enseignements du Prophète, rapporte bien plus qu’accomplir des actes
surérogatoires, comme en témoigne le récit de Sa'd Ibn Abby Waqaas dont le prophète exhortait à copier ses pratiques d’excellence et du bon comportement puisqu’il était compté parmi les habitants
du paradis.
L’enjeu donc est de taille – à savoir cultiver le sens de l’effort et de l’élévation de nos œuvres vers la
recherche de l’agrément d’Allah en étant dans la meilleure des postures, le tout dans le cheminement de la Sunna du Prophète ! Il
importe de faire des valeurs, vertus et principes du mois de Ramadan un modèle de savoir-vivre, de savoir-être et un mode de vie continuel, non pas uniquement limité à la seule période de
Ramadan.
Au demeurant, n’oublions jamais la terrible échéance de la mort et qu’on doit rendre des comptes de nos actes un jour. De ce
point de vue, il faut faire face à ses faiblesses tout comme à ses tentations et faire en permanence l’effort sur soi (djihad Al nâfs) pour rester sur la voie de l’agrément de Dieu. L’essence
même de l’Islam se développe dans l’amour et le bon comportement.
Puisse Allah nous compter parmi cette catégorie de croyants qui sont sous la coupe de Ses Immenses
Faveurs, qui bénéficient de Son Pardon, de Sa Miséricorde, de Sa Mansuétude, de Sa Générosité, de Sa Protection, de Sa Grâce, de Son Paradis et qui restent constamment éclairés sous la Lumière du
Prophète Muhammad, le prophète de la Guidance et de la félicité.
Talha Mahamat Allim